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LIBYE : Poutine malmené par Erdogan

La Libye de feu Mouammar Kadhafi est certes le terrain de bataille. Par ailleurs, les protagonistes apparents sont le Gouvernement d’union nationale du premier ministre Fayez el-Saraj d’une part, et de l’autre, le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est-libyen. Mais dans les faits, personne ne se fait d’illusion. La guerre dont la Libye est le théâtre a davantage lieu entre puissances tutélaires des deux camps en conflit. Côté Haftar, on a les Emirats arabes unis, l’Egypte, l’Arabie saoudite et surtout la Russie de Vladmir Poutine. Quant au gouvernement d’union nationale, officiellement reconnu par la communauté internationale, il a pour parrain principal, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan. Poutine et Erdogan alliés en d’autres circonstances, sont ici des adversaires. Et ces derniers temps, c’est plutôt le président turc qui inflige des revers à son homologue russe et à son poulain, Haftar.

Depuis une vingtaine de jours, les rapports de force se sont brusquement inversés en Libye. Repoussées dans leur dernier retranchement dans la capitale Tripoli depuis des mois, les troupes loyales au gouvernement d’union nationale ont, ces derniers jours, infligé des revers jusque-là insoupçonnés aux combattants du maréchal Khalifa Haftar qui menaçaient de fondre sur la capitale libyenne. Et désormais ces troupes favorables au gouvernement de Fayez al-Saraj menacent de réinvestir Syrte, la ville stratégique située à 450 km à l’est de la capitale libyenne. Mais en fait, dans le conflit qui se joue aujourd’hui en Libye, c’est un euphémisme de parler de combattant pro-Saraj ou pro-Haftar. Parce qu’en réalité, les combattants dont il s’agit sont essentiellement des étrangers.

Pour tenir tête aux autorités reconnues de la Libye, le trublion de Benghazi a d’abord fait appel à son allié russe notamment pour la mise à disposition du personnel combattant. Et c’est la société Wagner que Vladmir Poutine y déploie avec environ un millier de combattants, chargés d’entrainer et d’appuyer les hommes du maréchal. Très vite, ces renforts font peser la balance en faveur de l’homme fort de l’est-libyen. Au point que ce dernier, en avril 2019, certain de renverser le gouvernement d’union nationale et rêvant de parader dans les rues de Tripoli, ne veut pas entendre parler de cessez-le-feu et de dialogue. Pourtant, il aurait dû…

En effet, en février dernier, les autorités officielles de Tripoli, à leur tour, font recours au mercenariat et font appel au président Erdogan. Celui-ci ne se fait pas prier. D’autant qu’il est habité par le rêve de récréer l’empire ottoman. Il fait alors importer jusqu’à 7000 combattants dont il s’était lui-même servi dans son offensive-éclair contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG). Dans un premier temps, Haftar et ses soutiens russes ne paraissent pas impressionner outre mesure. Mais avec les défaites à eux infligées ces derniers jours, ils doivent bien regretter d’avoir ainsi sous-estimé l’adversaire. D’autant que le samedi dernier, au côté d’Abel Fatah al-Sissi, le président égyptien, c’est le maréchal Haftar lui-même qui se disait favorable à un nouveau cessez-le-feu.

Ainsi qu’on peut le voir, bien que la Libye soit un des 55 Etats du continent africain, son sort se joue à l’insu des instances continentales. En février dernier, à l’arrivée des premiers combattants importés par la Turquie, quelques Etats africains, voisins immédiats de la Libye, avaient émis des protestations plutôt timides. Mais de toute évidence, cela n’a pas changé la donné sur le terrain. L’issue de la crise qui s’y joue depuis l’assassinat en 2011, de Mouammar Kadhafi, dépendra uniquement du rapport de force entre les troupes pilotées par des puissances totalement étrangères aussi bien à la Libye qu’à l’Afrique toute entière. Comme il y a neuf ans, l’Afrique assiste à tout cela en spectatrice impuissante et résignée. Et c’est bien dommage !

Boubacar Sanso BARRY

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