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Pour la quiétude à Macenta, rétablir la vérité historique et repenser l’organisation coutumière

 Nous en avons parlé via nos précédentes dépêches. La ville de Macenta aura été secouée le week-end par des tensions inter-communautaires, avec malheureusement des pertes en vies humaines. Ce qui est bien regrettable, nous dit l’auteur de la contribution qui suit. D’autant que le conflit nait du choix de sages dont le rôle est paradoxalement d’aider à éviter, sinon à résoudre les conflits. Mais tirant les leçons du drame que vient de vivre la ville dont il se dit fils adoptif, notre contributeur propose un plan en deux étapes. D’abord, il sollicite des autorités qu’elles veuillent une fois pour toutes trancher cette lancinante question sur la la paternité de Macenta. On devrait, selon lui, la tension une fois retombée, prendre le courage de trancher ce débat en sortant si nécessaire un acte officiel devant s’imposer à tout le monde. Ensuite, il souhaite qu’on instaure un vestibule dans lequel tout le monde se retrouverait, de manière à ce que tout le monde soit impliqué dans le processus de prise des décisions touchant à la vie de la communauté. Et à ce propos, il propose un schéma plutôt détaillé. 

La ville de Macenta que nous aimons tous a été endeuillée ces derniers jours par un conflit entre les deux principales communautés de la localité (Tomas et Manias) autour de la paternité de la ville cosmopolite. Étant un fils adoptif de cette belle cité, je ne saurais rester sans appeler au calme et faire des propositions pour juguler définitivement cette querelle fratricide.

Tout d’abord, je m’incline sur la mémoire de ceux qui sont tombés et je souhaite un bon rétablissement aux blessés.

Pour régler ce conflit qui ne date pas d’aujourd’hui, il faut dire que cette question de paternité a toujours demeuré. Et en Guinée, on préfère reporter les problèmes au lieu de les régler. Maintenant l’heure est venue de trancher en rétablissant d’une part, la vérité autour de la création de la ville, et en pensant à l’organisation d’un vestibule inclusif d’autre part. Puisque les deux communautés sont condamnées à vivre éternellement ensemble.

Rétablir l’histoire sur la paternité de la ville

Pour ma part, l’heure n’est pas de savoir qui est venu avant qui ou qui aurait accueilli qui dans la cité. L’heure est à l’apaisement des cœurs et à la résolution du conflit. C’est l’occasion pour moi de saluer la démarche du gouverneur de N’zérékoré, le Gl. Mohamed Gharé qui a tenu des propos forts à l’intention des deux communautés et sous l’auspice de qui les deux sages se sont engagés à faire la paix.

Cela dit, il est de la responsabilité de l’Etat de trancher définitivement cette question de paternité autour de la création de Macenta, à travers un acte officiel sur la fondation de Macenta qui s’imposera à tous les habitants de la ville.

Un Bureau unique des sages incluant les deux communautés

Cependant, même un acte officiel ne saurait être la seule démarche à faire pour régler définitivement le problème. Au-delà, les autorités notamment le président de l’Assemblée nationale Honorable Damaro Camara qui connaît très bien l’histoire de la zone, les fils ressortissants dont les sieurs Lounceny Camara et Oyé Guilavogui ont la lourde responsabilité historique de trouver un compromis entre les sages des deux communautés. Car il faut bien le dire, toutes les agitations actuelles à Macenta sont liées d’une manière ou d’une autre à ces deux personnalités. Les soutiens veulent que ce soit l’un ou l’autre qui ait plus d’influence dans la ville. Même si les deux personnalités veulent bien faire à Macenta, ce sont leurs noms à deux qu’on évoque à l’origine des confrontations.

Je voudrais faire une proposition qui a toujours caractérisé le peuple Manding (Mania et Toma, tous les deux groupes faisant partie du Manding).

Dans les villes de la Haute Guinée également peuplées de Manding, la question de l’organisation sociale traditionnelle a été fondée sur l’âge et sur nul autre déterminisme. Puisqu’il n’y a souvent pas d’uniformité autour des récits des uns et des autres. Pour penser la quiétude et le vivre-ensemble, il a été convenu que le plus âgé de la cité soit celui qui préside aux destinées du BOLON (Vestibule, autorité morale).

Ainsi, est choisi comme Sotikèmô (le patriarche) peu importe le nom de famille de la personne, le plus âgé. C’est toujours l’âge qui est le facteur déterminant.

Et pour une question de représentativité, une personne est choisie dans chacune des grandes familles pour être membre du BOLON (vestibule).

Au-delà de cette représentativité familiale, pour n’écarter personne au sein du Bolon, un autre facteur encore fondé sur l’âge intervient : La classe d’âge ce qu’on peut appeler classe générationnelle. Ainsi, chaque classe d’âge doit donner un représentant qui doit composer le Bolon lors des délibérations sur les affaires sociales et culturelles de la cité.

Une telle organisation est inclusive et à l’avantage de favoriser ou de défavoriser personne, l’âge étant le seul critère qui entre en ligne de compte.

C’est ainsi, qu’aujourd’hui à Kouroussa, le Bolon est aujourd’hui exercé par un KEITA bien qu’il est dit que ce sont les Traoré qui sont arrivés en premier. À Kankan, c’est pareil, le Sotikèmô de Nabaya est le plus âgé parmi les familles Condé, Kaba, Chérif alors que ce sont les Condé qui ont été les premiers installés. D’ailleurs, l’actuel Sotikèmô de Kankan est un Kaba de la famille du même nom.

Je pense qu’à Macenta, il doit y avoir le même mode de désignation du patriarche. Comme les Koïvogui et les Kourouma se disent tous être les premiers à s’installer dans la ville.

 Il peut être créé un Vestibule qui regroupe un représentant des premières familles de la ville. Et sera désigné Sotikèmô, le plus âgé parmi toutes les familles composant le Bolon.

Si les sieurs Oyé Guilavogui et Lounceny Camara peuvent bien construire des maisons pour les sages, c’est noble et salutaire. À mon avis, dans le sillage de cette solution inclusive que je préconise, ils peuvent aider à la construction d’un vestibule dans un endroit désigné par les sages. Ce vestibule sera ainsi l’endroit où les sages se réuniront à l’occasion des cérémonies ou s’y rencontrer et discuter des problèmes qui relèveront de leur autorité.

Le rôle assigné au Bolon est de résoudre les problèmes sociaux (conflit de voisinage, conflit entre époux qui n’a pu être résolu dans le cercle familial, etc..) ou pour discuter des activités coutumières. C’est vraiment honteux de savoir aujourd’hui, que l’on s’entretue pour des sages dont le rôle est de résoudre des conflits.

Alexandre Naïny BERETE, fils adoptif de Macenta.

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