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DJAMILAH NENEKHALY : « Les proches d’un président peuvent l’amener à sa perte »

Elle est sans doute une des grosses prises de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) depuis le coup d’Etat du 5 septembre 2021. En effet, en marge de la tournée que Cellou Dalein Diallo, le leader de ce parti, a récemment effectuée en Europe, Djamilah Nenekhaly a officialisé son départ du RPG et son adhésion à l’UFDG. Un choix que l’ex-secrétaire administrative des sections RPG-ARC-EN-CIEL de Belgique et d’Europe assume parfaitement. Si l’ex-parti au pouvoir ne répondait plus à ses aspirations, elle parie par contre sur l’expérience et le sens de l’Etat de Cellou Dalein Diallo. Pour ce qui est d’Alpha Condé, Djamilah Nenekhaly trouve que c’est « une personnalité politique de grande envergure qui (hélas) ne rejoindra pas, par ses actes, les grands hommes qui ont fait l’histoire de ce continent ». Lisez l’entretien exclusif qu’elle a accordé à la rédaction de Ledjely.com

Qu’est-ce qui explique le choix de l’UFDG comme votre nouveau parti politique ?

Un moment arrive où on se remet en question ; ôter le manteau du militant pour celui d’un citoyen ordinaire. Ce que j’avais toujours été jusqu’à il y a 6 ans, avant de me lancer en politique. L’ancien président étant une personne de la dispora avec toutes les valeurs démocratiques que nous enseigne cette société d’adoption, je voyais en lui une personne comme moi à qui je pouvais me fier. Surtout après avoir échangé personnellement à deux reprises avec lui à Paris, il y a plusieurs années de cela D’abord, lorsqu’il était encore opposant, et ensuite une fois président. J’ai été satisfaite de nos échanges à l’issue de cette deuxième rencontre notamment. J’ai d’abord été sympathisante et solidaire pour son programme de société, et ai ensuite pris l’engagement de m’impliquer politiquement afin de soutenir son projet pour le pays.

Qu’est-ce qui fonde donc votre départ du RPG ?

Le parti ne répondant plus aux valeurs pour lesquelles je l’avais rejoint, les valeurs d’une minorité prenant le pas sur celles des militants et les miennes, et cette minorité s’inscrivant dans un registre de conquérant que de fédérer, j’ai jugé urgent de le quitter après une certaine période d’indécision. Car lorsque je m’engage, je le fais avec le cœur et conviction. Je fais une analyse sur le plan humain et ensuite politique. Je tiens compte d’assez de paramètres avant de me soustraire de mes engagements.

Pourquoi avoir attendu seulement maintenant pour partir de l’ancien parti au pouvoir ?

Je n’ai pas attendu maintenant pour partir J ‘ai juste officialisé mon départ il y a quelques jours. Mais en réalité ma lettre de démission a été écrite depuis novembre (elle figure dans le mail adressé à ma structure, avec accusé de réception). Le fonctionnement du parti au niveau européen m’a déçue. Je ne rentrerai pas içi dans les détails pour ne pas en rajouter aux critiques insultantes et infâmes de certains. Le tissu social est déjà assez fragile et vous n’ignorez pas que tout est prétexte pour éveiller les tensions ethniques. Ma récente démission en fait foi.

Que répondez-vous à ceux qui verraient dans votre décision une dose d’opportunisme ou même une trahison à l’égard du RPG ?

Tout comme ils ont pris pour de l ‘opportunisme la venue de quiconque au RPG ou autres. Ainsi vont les jugements dans notre belle cité. Des procès d’intention. Dans notre société, tout est sujet à critique. L’apparence prend le pas sur la profondeur, l ‘irréel sur le réel.  Nul n’en est épargné. Aux critiques donc, je leur pose la question de savoir si elles sont certaines que mon parti actuel – l’UFDG – remportera les prochaines présidentielles ? Nu ne sait de quoi demain sera fait Mais en attendant, afin que demain soit une évidence de notre volonté affichée, j’œuvrerai d’arrache-pied au sein de ma nouvelle formation politique pour son accession à la magistrature suprême.

Je m’y engage pour défendre ses principes, son projet de société et les acquis de la République.

Si la vision partagée de mon nouveau parti doit nous mener vers une victoire, je n’en serai que très heureuse. Je ne viens pas dans un parti, ni ne le quitte pour plaire. Je n’y adhère pas non plus par appartenance ethnique, mais bien par choix et patriotisme.

J’y viens car je pense y trouver le meilleur pour moi et tous les enfants, ceux-là même pour qui nous devons absolument fonder la société de demain. L’avenir leur appartient et nous avons cette obligation morale de leur réaliser un bon soubassement.

Qu’avez-vous pensé du troisième mandat du président Alpha Condé ?

Les crises passées et cette période de transition démontrent que ce fut une très grosse erreur que certains d’entre nous avaient pourtant à l’époque dénoncée. Ce qui m’a valu personnellement énormément de critiques négatives et positives tout de même. C’est à cette époque que je pensais abandonner le militantisme et mes différentes fonctions au sein du parti. Les proches d’un président peuvent hélas l’amener à sa perte et surtout à celle du pays. On voit et on connaît les conséquences d’une décision qui n’est pas la volonté du peuple.

Avec le recul, que pensez-vous de son choix personnel du président Alpha Condé de briguer un troisième mandat ?

L’absence de démocratie interne, les ambitions démesurées et le manque de courage des instances de décision ont hélas conduit à une irresponsabilité collective. Après l’élection dernière, personne n’a compris que la priorité était de régler d’abord la crise qui secouait le pays.

Malheureusement c’est la mort dans l’âme que nous avons assisté au naufrage d’une personnalité politique de très grande envergure qui, très malheureusement ne rejoindra pas, par ses actes, les grands hommes qui ont fait l’histoire de ce continent. Quel gâchis…

Avec le statut qui était le vôtre au sein du parti, ne vous sentez-vous un peu comptable du bilan que tout le monde remet aujourd’hui en cause ?

Me sentir coupable ? Pas du tout. Mes sentiments en ce moment-là prenaient le pas sur mes convictions de départ. Je n’étais pas à un poste de décision pour pouvoir influer sur un quelconque bilan. Je regrette juste de n’être pas partie beaucoup plus tôt, ayant constaté que les engagements pris à mon égard par le président de la république n’ont jamais été respectés par lui, car il faut le dire, je suis rentrée au pays à la faveur d’un décret me nommant à un poste de responsabilité au sein d’un département ministériel. Mais bien hélas, les choses se sont passées différemment de ce que j’avais espéré. J’aurai dû repartir à ce moment-là, que d’être restée, livrée à un système étatique empoisonné.

Qu’espérez-vous apporter à l’Union des forces démocratiques de Guinée ?

Je compte m’adonner à la défense de la politique de l’UFDG et à le soutenir dans toutes ses actions

Le président Dalein est un homme d’Etat, nous l’accompagnerons tous ensemble dans son projet de société. C’est un opposant pour le renouveau du pays, un opposant qui était déja dans un manteau d’exécutant, pour avoir été premier ministre et ministre pendant une dizaine d’années. Nul rouage du système administratif ne lui échappe. Il maîtrise parfaitement ses thèmes. Loin du pays à l’époque du régime Conté, j ai eu à porter un jugement hâtif sur le personnage. J’ai été édifiée dès lors à travers de longues recherches personnelles le concernant.

Je suis à présent rassurée et en paix avec ma conscience en le choisissant comme leader. C’est un homme très sage, un père de famille qui sera pour sa patrie un très bon dirigeant. Puisse Dieu exaucer toutes nos prières pour lui et celles des militants et sympathisants de le voir accéder à la tête de notre pays. Notre tâche est grandiose, et nous n’y faillirons pas.

Votre regard sur les dirigeants actuel, votre message à leur encontre ?

Je me rallie à la joie de la population guinéenne et n’ai aucun doute sur les engagements des nouveaux hommes à respecter un pouvoir transitionnel qui débouchera à mon sens sur ces premières élections démocratiques. Nos vœux les accompagnent.

Propos recueillis par Ibrahima Kindi BARRY

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