« Les dernières déclarations de Monsieur le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation sont-elles vraies » ? A elle seule, cette interrogation du leader politique, Jean-Marc Telliano suffit pour illustrer la réserve avec laquelle certains observateurs auront accueilli la sortie récente du ministre Mory Condé, se présentant comme étant une victime de la répression post-juillet 1985. Or, le leader du RDIG n’est pas le seul à émettre des doutes quant à l’authenticité des événements décrits par le ministre, quand il dit que son grand-père et ses quatre épouses avaient été exécutés à la suite de la tentative de coup d’Etat des 4 et 5 juillet 1985.
Au-delà du débat sur l’authenticité des allégations du ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, c’est surtout le fait qu’elles aient été tenues par lui qui est dénoncé. « Nous ne pouvons tolérer de telles affirmations scandaleuses de la part surtout de celui-là même qui est censé être le maître d’œuvre des Assises nationales », écrit ainsi Jean-Marc Telliano. Le leader politique poursuivant, conteste bien sûr les propos du ministre. « Nous n’avons jamais entendu parler, nulle part, d’un citoyen guinéen fusillé en même temps que ses 4 épouses », dit-il.
Eh bien, Jean-Marc Telliano n’est justement pas le seul à faire part de son étonnement face à la sortie du ministre. Une source très au fait des événements de juillet 1985 émet, elle aussi, des doutes. « J’ai la liste intégrale de tous ceux qui ont été exécutés à Kindia à la suite de ces événements. Certes, vu que je n’ai pas le nom du grand-père auquel fait allusion le ministre Mory Condé, je n’irai pas jusqu’à dire que son grand-père n’en faisait pas partie. Par contre, personne n’a été exécuté avec son ou ses épouses », nous dit ce témoin.
Avec un tel scepticisme, le ministre Mory Condé devrait de toute évidence donner de plus amples précisions pour asseoir la conviction des uns et des autres. Eu égard en particulier au rôle qui lui est dévolu dans la conduite des Assises nationales.
N’Famoussa Siby