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CHEIKH FALL : « La France ne sera jamais cet ami qui nous veut du bien »

La trentaine de dirigeants africains qui, le 25 mai 1963, ont donné naissance à l’OUA, assignaient à cette dernière, deux objectifs majeurs : l’intégration et la souveraineté de l’Afrique. Près de 60 ans après, la double mission est loin d’être accomplie. C’est en tout cas le verdict que nous livre Cheikh Fall, l’activiste sénégalais, fondateur d’Africtivistes, la Ligue africaine des blogueurs et web activistes pour la démocratie. Mais en ce 25 mai 2022, si l’Afrique n’est ni plus unie, ni davantage libre, la responsabilité est partagée. Bien sûr, les anciennes puissances coloniales en général et la France en particulier, ne facilitent pas les choses. Mais l’élite politique africaine, elle non plus, ne fait rien de mieux. Cheikh Fall, dans cet entretien qu’il accorde à la rédaction de Ledjely.com, invite les dirigeants du continent à faire montre d’un peu plus de courage et de sens de l’écoute de leurs compatriotes. Entretien….

Ce 25 mai, l’on célèbre le 59ème anniversaire de l’UA, anciennement OUA. Quelles sont vos impressions d’ensemble ?

Impressions d’ensemble mitigées car plus de 60 ans après les indépendances acquises en rangs dispersés, le continent n’arrive toujours pas à célébrer une réelle Unité Africaine. Impressions mitigées parce que cette unité africaine qu’il faut célébrer en ce jour n’existe que sur le papier.

L’Afrique que nous aimons et chérissons tant, nous l’avons héritée divisée, mais nous l’avons aussi empruntée à nos fils et petits-fils et nous devons la rendre, unie, ou dans une moindre mesure mieux qu’à son état actuel. Nous avons cette responsabilité de l’entretenir et de la rendre meilleure en la léguant à nos petits-enfants. Notre cher continent a traversé beaucoup d’étapes et il en a raté plusieurs, particulièrement l’opportunité de bâtir une véritable unité africaine au lendemain des indépendances. Il a certes connu des leaders forts avec des visions fédératrices, mais notre difficulté a toujours résidé dans notre incapacité à nous entendre sur l’essentiel. Nos pays ont accédé à l’indépendance dans la dispersion et cela a réduit à néant les projets d’une unité. Il est clair qu’aujourd’hui, la plus grande faiblesse de l’Afrique réside dans sa désunité et dans notre incapacité à aborder ensemble les enjeux de l’heure et à proposer des solutions efficaces, adaptées en préservant les intérêts du continent. Cette journée mondiale de l’Afrique devrait être une journée d’interpellation et de questionnement sur ce long chemin que nous disons emprunter pour l’unité du continent au moment où chaque chef d’État, dans une logique de conservation du pouvoir, cherche mordicus à nourrir ses ambitions politiques et personnelles.

Nous avons hérité d’un continent riche mais FAIBLE sur le plan politique. Faible sur le plan de la vision économique, désuni sur le plan des idéaux et dispersé dans nos ambitions. Notre capacité collective à prendre à bras le corps les challenges du continent est faible et souffre d’une volonté commune sur le plan institutionnel où politique. Donc, mon sentiment d’ensemble est qu’après 50 ans, si nous continuons à combattre les mêmes démons qui nous empêchent de réaliser l’unité africaine, soit les méthodes utilisées sont inadaptées, soit notre ambition souffre d’une réelle volonté.

A la base, outre l’intégration du continent, la création de l’OUA avait pour objectif la promotion de l’indépendance totale des pays africains. Que pensez-vous de l’atteinte de cet objectif, près de 60 ans après ?

Cet objectif d’il y a 60 ans reste hélas une grande ambition encore aujourd’hui. Nous sommes loin d’avoir atteint une indépendance totale des pays africains. J’ai envie de formuler cette même question à nos autorités politiques pour qu’elles nous disent concrètement, ce qu’elles pensent être des acquis sur le plan de la souveraineté de nos États, depuis l’accession à l’indépendance sur le papier. Nous sommes dans une configuration géopolitique d’une dépendance consentie et assumée, promue par certaines pratiques politiques de certains acteurs. La meilleure manière d’atteindre cet objectif c’est de déconstruire cette relation de dépendance pour la substituer par une relation d’inter-dépendance mutuelle avec les autres. Je voudrais saisir l’opportunité que m’offre cette interview pour alerter et tirer sur la sonnette d’alarme par rapport à la nouvelle forme de dépendance qui se dessine sous nos yeux. Plus de 130 ans après le partage systématique de l’Afrique par les puissances coloniales, le continent affiche une toute nouvelle carte de domination aux couleurs des supers puissances du numérique.

Nous dépendons de dons de matériels informatiques pour nos administrations publiques. Nous confions la construction et l’équipement de nos data-center aux puissances étrangères. Nous courons toujours derrière la connexion en fibre optique. Nous attendons la fourniture effective en réseau 3, 4 ou 5G. Nous subissons l’alimentation en haut-débit de nos villes. Notre continent est en train d’être partagé à nouveau sous nos yeux et regards impuissants. Nous sommes en train de créer une nouvelle dépendance. Que propose l’Afrique sur la table des discussions sur la gouvernance d’internet ? Que proposent nos autorités politiques comme réponse dans un monde où les principaux enjeux tournent autour de l’économie numérique, autour des droits et législations du cyberespace où de la démocratie participative.

Dans une telle configuration, le continent perdrait toute son indépendance et sa souveraineté numérique et se ferait recolonisé dans un futur proche. D’où la nécessité d’un réaménagement du territoire numérique africain, en s’appuyant sur des ressources, des infrastructures et des usages locaux.

A Bangui, Bamako, Ouaga, Dakar, Niamey ou encore N’Djamena, on assiste de plus en plus à des manifestations anti-françaises. Quel message faut-il y voir ?

J’analyse ce sentiment anti-français de deux manières : La première c’est que cela traduit un désir d’indépendance et de souveraineté. La seconde traduit une absence d’État et un échec des autorités politiques au pouvoir. La perception populaire qui fait penser que les autorités politiques ont hypothéqué nos pays et nos économies aux anciennes puissances coloniales a une part de réalité. Dans cette histoire, la France n’est pas le seul « diable ». Si la France a une ambition de domination politique et économique, nos autorités ont une responsabilité de défense de nos intérêts. Quelle est notre responsabilité en tant que peuple souverain et nations indépendantes à ne pas se faire exploiter économiquement quand l’autre a l’ambition de profiter de sa posture paternaliste et dominatrice ? Quelle est la réponse systémique, stratégique, diplomatique, géopolitique que nous proposons pour que cette rupture soit une réalité et pas simplement un concept où de simples slogans ? La France nous a colonisés, aujourd’hui elle contrôle une bonne partie de notre économie, constitue l’un des principaux créanciers de la dette publique de nos pays au-delà des institutions internationales de finance. Elle ne sera jamais notre ami qui nous veut du bien car la préservation de ses intérêts sera toujours sa priorité dans toute approche.

Ces slogans anti-français devraient être sincères et se traduire par une réalité portée, symbolisée et assumée autrement que de vouloir faire vœu d’un divorce chimérique, qui n’en est pas un. Aujourd’hui, si les ambassades de France dans ces différents pays annoncent des visas gratuits avec option billet d’avion et sans conditions à tout le monde, je défie quiconque qu’une semaine après cette annonce, on risque de ne plus voir de jeunes dans nos rues. Ils partiront tous ! Ce constat me fait tellement mal mais hélas c’est la réalité à laquelle il faut faire face. Quand certains, au prix de leur vie, préfèrent fuir leurs pays à bord d’embarquements de fortune en bravant les océans. Nous aurons beau tirer sur la France mais tant que nous ne prenons pas nos responsabilités pour rester dans nos pays et les construire, personne ne le fera à notre place. Nous aurons beau chasser un bourreau et cela ne servira à rien si nous remplaçons ce bourreau par un autre. Chez moi au Sénégal, quand des jeunes sortent pour dire “France Dégage”, ils se font mettre en prison par leurs propres frères et/ou parents au pouvoir. Ici ou ailleurs en Afrique, d’autres ont crié “France Dégage” chez eux, ils ont fini par aller vivre en France et mendier la nationalité française à la fin. Dans d’autres pays voisins, ceux qui ont crié France dégage ont été expulsés de leur propre pays par les autorités locales.

Ce que j’ai dit à Emmanuel Macron en six points en octobre dernier, traduit exactement ce sentiment “France Dégage”.

Parmi ces manifestants, on en a qui implorent l’arrivée de la Russie. Qu’en dites-vous ?

Ma position est très claire sur cette question. Je suis contre la politique du remplacement d’un bourreau par un autre bourreau !

Au-delà de la France, les rues africaines défient aussi les institutions panafricaines dont la CEDEAO et l’Union africaine. De quoi ces dernières sont-elles coupables ?

Nos rues défient aussi ces acteurs politiques ennemis de la démocratie. Elles défient aussi toutes les formes d’injustices et combattent toutes les formes d’inégalités. Cela traduit une maturité de la jeunesse africaine et cette maturité est souvent symbolisée par un décalage énorme entre les populations et les élites politiques. Les demandes de démocratie et de bonne gouvernance exprimées par les populations dépassent de loin les réponses politiques et institutionnelles apportées par les acteurs au pouvoir. J’en veux pour exemple, le cas des résolutions de la CEDEAO pour le Burkina Faso lors de l’insurrection de 2014; la volonté manifeste de certains acteurs politiques à réduire le pouvoir de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP); la politique “des yeux fermés” de certains pays sur certaines dispositions légales protégeant les intérêts des populations et des institutions comme la CADEG (Charte Africaine de la Démocratie, des Élections et de la bonne Gouvernance) ou de la Convention de Malabo; la décision impopulaire de la CEDEAO de sanctionner le Mali, …

Le retour des coups d’Etat, un recul ou une opportunité ?

Nous avons communiqué sur les situations des crises démocratiques dans la sous-région en y ajoutant le Burkina Faso. C’est une situation inquiétante car mettant en cause la pertinence des processus démocratiques. Je me demande à quoi pourrait servir une élection démocratique, libre et transparente si elle ne permet pas de consolider des acquis démocratiques ? Le cas de la Guinée est certes à part car cela découle d’un putsch constitutionnel d’un Président qui a cherché à s’éterniser au pouvoir. Je ne peux en aucun cas cautionner la prise du pouvoir par les armes et j’appelle les militaires à organiser une période de transition stable dans le respect des institutions et de l’agenda politique décidé avec les acteurs politiques et la société civile.

En ce qui concerne le Mali et le Burkina Faso, l’inquiétude se situe au niveau de l’exercice du pouvoir et la manière dont les putschistes ont trouvé les voies et moyens institutionnels pour légitimer leur fonction. Par contre, si cela correspond à la demande populaire et à la volonté du peuple d’avoir un tel régime politique dans de telles situations et que cela s’accorde au modèle de démocratie souhaité, il n’y a pas de doute que cela produira des résultats. Je suis de ceux qui pensent que les modèles de démocratie ne sont pas des logiciels à installer dans nos sociétés. Ils doivent découler de manière endogène d’une volonté citoyenne, de façon à ce que cela soit la matérialisation d’un régime politique dans lequel tous les citoyens participent aux décisions politiques et que cela garantisse la souveraineté de ce même peuple.

Comment des activistes comme vous, dans leurs actions de tous les jours, prennent-ils en compte l’aspiration de l’unité africaine ?

Nous ne nous réclamons pas activistes ! Nous sommes des acteurs de changement et nous vivons déjà l’”unité africaine”. En mettant en place un réseau panafricain comme AfricTivistes, nous sommes déjà dans la concrétisation d’une unité africaine des peuples. Aujourd’hui, nous sommes présents dans 40 pays à travers le continent. Les causes portées et défendues à Conakry sont soutenues par les Sénégalais. Les aspirations démocratiques des Gambiens sont soutenues par des Ivoiriens. À travers un réseau d’acteurs de changement qui s’identifient comme des africains originaires de la Guinée où d’ailleurs, nous avons réussi à pousser les limites de nos frontières imposées qui nous cloisonnent. Les idées que nous portons, les projets que nous mettons en œuvre ainsi que les actes que nous posons n’obéissent à aucune contrainte de nationalité ou d’espace géographique. Nous avons la chance d’être cette génération d’Africains évoluant à l’ère du numérique et avons la grande opportunité d’impacter notre cher continent par le biais de l’intelligence collective, de la co-construction tout en gardant notre posture de force de contestation.

On dénonce très souvent le fossé qui sépare les institutions africaines et les populations au nom desquelles elles sont pourtant censées agir. Comment se traduit ce décalage et comment le combler ?

Ce décalage est une conséquence d’une sédimentation de plusieurs maux :

  • Une crise de la démocratie représentative dont les mécanismes électifs ne répondent plus aux exigences et à la demande accrue d’une démocratie participative ;
  • Un sentiment d’absence de l’État dans certaines parties du territoire ainsi qu’un profond fossé entre une minorité privilégiée par le pouvoir et une grande majorité de la population victime de politique inégalitaire ;
  • Une insuffisance d’éthique institutionnelle et de loyauté républicaine des autorités politiques (impunité, tripatouillage, détournement, gabegie et manque de transparence de la gestion des deniers publics …) ;
  • Un sentiment de confiscation du pouvoir donnant l’impression de la monopolisation des idées et laissant penser qu’une minorité décide à la place de la grande majorité sans leur consentement ou avis.

Quand les aspirations démocratiques dépassent les propositions politiques, cela crée un vide dont se nourrissent les frustrations populaires. Quand la demande de démocratie et de bonne gouvernance des populations dépasse l’offre des acteurs du système administratif, les exigences citoyennes ne peuvent être comprises par les autorités. Pour combler ce déphasage, il faut que les autorités politiques au pouvoir descendent de leur nuage “de super-puissants” pour arborer des costumes de simples employés de la nation au service des populations. Pour servir, il faut savoir écouter. Pour écouter, il faut savoir respecter son interlocuteur. Pour respecter son interlocuteur, il faut se rappeler que si on est au pouvoir, c’est d’abord grâce à lui. Le dialogue sincère et la liberté sont de vains mots dans l’univers politique africain, alors qu’ils doivent constituer le socle d’une politique de transparence et de bonne gouvernance.

Les relations franco-africaines sont à un tournant décisif, dit-on. Pour vous qui avez pris part au sommet de Montpellier, qu’est-ce qui doit changer à l’intérieur du couple entre la France et ses partenaires africains ?

Je pense qu’on doit commencer par décomplexer nos relations. Et sur ce point, la jeunesse africaine est en avance sur les élites politiques qui pour la plupart se comportent en vassaux de l’ancienne puissance colonisatrice.

Il faut une véritable rupture et cela devrait passer par une acceptation de la réalité et une volonté de part et d’autre de reconsidérer cette relation. Que serait la rupture si les dirigeants de la France cherchent à tout prix à défendre les intérêts de leur pays pendant que les nôtres cherchent à s’arrimer à eux et à leur politique au point de leur demander :

  • d’installer des bases militaires sur nos sols,
  • de garder les réserves des fonds du francs CFA,
  • de les inviter à intervenir sur des questions de sécurité et de défense,
  • de leur tendre la main pour emprunter des milliards,

La France ne sera jamais notre ami qui nous veut du bien car la préservation de ses intérêts sera toujours sa priorité dans toute approche. La solution d’une rupture définitive de la Françafrique ne viendra jamais exclusivement de la France, elle est à chercher et à trouver à notre niveau. C’est à nous de l’imposer en changeant radicalement les rapports de domination, en sortant de cette situation de dépendance pour une relation d’interdépendance mutuelle et assumée.

Comment faire en sorte que, des slogans virtuels via les réseaux sociaux, l’engagement de la jeunesse en faveur de l’unité africaine, se traduise dans la réalité ?

AfricTivistes a une recette très intéressante qui, je pense, pourrait être répliquée par de nombreuses organisations de jeunes africains qui sont engagés en faveur de l’unité africaine. En effet, nous évoluons en permanence sur deux tableaux. Nous restons une force de dénonciation en faisant de la veille pour tout ce qui touche les processus démocratiques, le respect des droits et libertés, la bonne gouvernance et la transparence. Sur un autre plan, nous faisons de la proposition avec une approche de co-construction avec un fort impact social. Nous n’arrêtons pas de tendre la main aux autorités politiques pour qu’ensemble nous arrivions à avoir plus d’impact. C’est dans ce sens que nous venons de clôturer la première phase d’un de nos programmes phare : le Local Open GovLab (log.africtivistes.org). Il s’agit d’un laboratoire d’innovation et de participation citoyenne pour la Gouvernance Locale Ouverte. Il a été déployé dans 4 pays dont la République de Guinée. Au total, pendant un an, 7 collectivités locales (dont Kouroussa et Labé en Guinée) ont été accompagnées via un parcours assisté à la Gouvernance Locale Ouverte. Parce que nous croyons que si de jeunes africains grandissent dans un environnement de gouvernance locale ouverte, à leur maturité citoyenne, ils auront une relation différente avec l’administration publique et avec la démocratie. Le projet Local Open GovLab (LOG) associe à la fois, une réponse à une demande locale, administrative et une politique d’aide à l’insertion professionnelle.

Au moment où nous réalisons cette interview, nous avons un autre programme en cours. Il s’agit d’un cours massif ouvert sur la Démocratie, les Élections et la Gouvernance. Une première du genre, notre MOOC (mooc.africtivistes.org) enregistre aujourd’hui plus de 700 apprenants. Ils recevront tous au final un dispositif pédagogique de 25 modules sur la démocratie participative, les processus électoraux, les droits de l’homme, la paix et la sécurité en Afrique … Cette formation certifiante est ouverte, gratuite et accessible à tout le monde après une simple inscription. Nous avons aussi depuis 2017, formé et outillé plus de 550 journalistes professionnels et acteurs des médias de la société civile sur la cybersécurité. Pour ne citer que ces quelques exemples sur une liste qui est longue. C’est cela pour nous l’activisme responsable et l’engagement sans faille au service de notre continent.

Propos recueillis par Boubacar Sanso Barry

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