A la base, le téléphone est un outil de communication, pour notamment prendre des nouvelles de son correspondant, vivant loin de soi. Mais depuis qu’on est passé du téléphone basique aux smartphones, avec des dizaines d’applications intégrées, il n’est plus un outil. C’est devenu, selon les personnes, un compagnon, un ami, un amant, voire le mari ou l’épouse dont on ne peut se séparer. Pour certains, cela vire même à l’addiction. Dans la mesure où le rendement sur le travail ou l’équilibre du foyer en sont affectés.
Goï Mélanie n’est pas tout à fait jeune. La cinquantaine et institutrice dans une école maternelle, elle avoue pourtant ne pas pouvoir se séparer de son smartphone. Elle dort et se réveille avec. « C’est mon ami de tous les temps, je vais avec mon téléphone même dans la douche. Quand je n’ai pas de téléphone, je fais carrément le palu », reconnait-elle, sans décoller ses yeux de l’écran de son téléphone.
Abdourahmane Barry, lui, est conducteur de taxi moto à Kipé, dans la commune de Ratoma. Quand notre reporter l’a abordé, il pianotait sur son téléphone. Et il était si absorbé ce qu’il y faisait qu’il a dû sursauter quand nous l’avons interpellé. Comme pris sur le fait, il a avoué qu’il était ainsi connecté depuis 2 heures. Deux heures durant lesquelles il s’est délibérément privé du transport de passagers. « Je suis accro à mon téléphone », confesse-t-il. D’où, selon lui, quand on lui vole son téléphone, il s’empresse de trouver un autre. Mais cette dépendance, il commence à s’en inquiéter. Parce qu’elle se ressent de plus en plus sur son travail. « Je me connecte toute la nuit. Du coup, je ne sors pas tôt et même la journée, il m’arrive de refouler des clients quand je suis à fond sur mon téléphone ».
La smartphone-dépendance, C’est dans son couple que Sidiki Camara la vit. « A la maison, avec ma femme, chacun à son téléphone. On a à peine le temps de discuter entre nous », confie-t-elle avec une pointe de regret. Puis, de poursuivre sur le même ton : « c’est le grand problème entre nous actuellement. Il nous arrive ainsi de rester pendant 1 heure dans une même pièce sans échange un seul mot ».
Asmaou Diallo