Le contenu du rapport publié par la mission onusienne qui a séjourné en Guinée du 4 au 15 novembre 2024 pour évaluer les besoins électoraux de la Guinée ne semble pas plaire aux autorités de la transition guinéenne. Celui-ci épingle le pouvoir de Conakry, dénonce notamment une fragilité de la cohésion sociale, exacerbée par les actions des autorités de la transition, ainsi qu’une détérioration des conditions de vie de la population. L’organisation internationale s’inquiète également d’une crise politique et de restrictions des libertés, avec de fortes tensions au sein de la classe politique, une régression de l’espace démocratique et un rétrécissement de l’État de droit. Le Premier ministre Amadou Oury Bah n’a pas manqué d’exprimer son mécontentement face à ce document.
À bâtons rompus, dans l’émission « On fait le point », le chef du gouvernement s’est livré à une réplique cinglante. Tout en estimant que cette mission, de surcroît commanditée par la Guinée, n’a pas joué franc jeu avec les autorités qui se seraient livrées dans une logique de « dépeindre tout en noir » .
« C’est nous qui avons demandé. Nous avons besoin que vous veniez évaluer nos besoins électoraux. Donc, maintenant, c’est le tropisme négatif de certains experts lorsqu’ils viennent, qui dépeignent tout en noir, même le fait de mettre en ordre les partis politiques, les cinquante partis qui n’avaient aucune existence, que le ministère de l’Administration du territoire a, pour une question de conformité, a assainis. Maintenant qu’on présente ça comme étant une volonté de restreindre l’espace civique », dénonce Bah Oury.
Le chef du gouvernement ne compte pas s’arrêter là. Dans la même lancée, des justifications doivent être prochainement données par rapport à ce document. « Ce rapport, je vais en discuter avec la coordonnatrice du système des Nations unies le 31 janvier avec d’autres responsables étatiques. Parce que quelqu’un qui vous demande : venez évaluer nos besoins, et vous venez vous dépeigner tout en noir, vous ne voyez rien de positif. Les mesures d’assainissement que nous sommes en train de faire, que le Sénégal a même reprises récemment, vous dites que ça, c’est pour restreindre l’espace physique, l’espace civique », souligne le PM.
Bah Oury n’a pas hésité à remettre en doute la capacité intellectuelle des experts de l’ONU ayant produit ce rapport. « C’est comme si certains de nos intellectuels perdaient le sens des réalités. Ce n’est pas un blanc qui a dit ça, hein. C’est un expert africain. Il faut que nos intellectuels soient honnêtes vis-à-vis des sociétés africaines, il ne faut pas qu’ils utilisent leurs positions pour satisfaire des intérêts de certaines personnes », conclut le chef du gouvernement.
JRI de l’ombre