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ISIC de Kountia : quand les fermetures de médias freinent les vocations

La fermeture prolongée (près d’un an) de plusieurs médias privés de référence en Guinée – Espace FM et TV, Djoma FM et TV, FIM FM – alimente une vive polémique et provoque une inquiétude grandissante, en particulier chez les étudiants de l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC) de Kountia, seule école publique de journalisme du pays. Ces fermetures fragilisent non seulement l’environnement médiatique, mais jettent également une ombre sur l’avenir professionnel de toute une génération.

La restriction actuelle de la liberté de la presse en Guinée, conjuguée à l’absence de perspectives claires pour la réouverture des médias suspendus, plonge les étudiants de l’ISIC de Kountia dans l’incertitude. Notre rédaction a recueilli plusieurs témoignages d’enseignants et d’étudiants, tous préoccupés par un avenir professionnel qui semble de plus en plus flou.

Dr Thierno Barry, chef du département Journalisme à l’ISIC, souligne les impacts de cette situation et espère une résolution de la situation dans un délai raisonnable pour le bonheur des journalistes.

« Nous espérons un retour à la normale, comme le souhaitent tous les journalistes. Il est essentiel que nos étudiants puissent accéder à des médias pour y effectuer leurs stages et s’insérer professionnellement. La fermeture de plusieurs grands médias limite fortement cette possibilité. Nous faisons comprendre à nos étudiants qu’ils n’apprennent pas ce métier pour un média en particulier, mais par passion. Aujourd’hui, le numérique leur offre des opportunités nouvelles – médias en ligne, webradios, webtélés. Mais cela ne doit pas masquer le fait que le paysage médiatique guinéen a besoin d’un assainissement profond  », dit-il.

« Ces fermetures affectent déjà les journalistes en poste. Pour nous, futurs diplômés, la situation est encore plus préoccupante. Des centaines de journalistes sont aujourd’hui au chômage. La HAC devrait négocier un retour à l’activité, dans le respect de l’éthique », renchérit Mamadou Diallo, étudiant en licence 4 Journalisme.

Abdourahmane Bah, étudiant en licence 4 de journalisme, y voit en cette démarche des autorités une atteinte à la démocratie.

« Cette vague de fermetures met en péril notre droit à l’information et remet en question les promesses démocratiques des autorités de la transition. Les stages de troisième année, initialement prévus en mai, ont été retardés jusqu’en septembre. La HAC, censée être indépendante, reste silencieuse, ce qui nous pousse à douter de son autonomie réelle », soutient-il.

Étudiant en première année de journalisme, Fodé Camara était enthousiaste à l’idée de devenir un grand journaliste dans le futur, mais la situation difficile que traverse le monde de la presse privée n’augure aucun lendemain meilleur à l’état actuel. « Le journalisme perd de sa valeur en Guinée. Quand je suis arrivé à l’ISIC, j’étais plein d’espoir. Aujourd’hui, c’est le découragement. Pourtant, je continue à croire qu’avec de la volonté, les choses peuvent changer. La HAC doit veiller au respect des règles et des droits », affirme-t-il.

Pour ces étudiants, les raisons évoquées par les autorités pour la fermeture de ces médias – violation des cahiers des charges – restent toujours incompréhensibles. C’est le cas pour Adama Diané, étudiante en licence 1 Journalisme. « Nous ne comprenons toujours pas pourquoi ces médias ont été fermés. C’est une question cruciale pour nous, futurs journalistes. Malgré tout, nous croyons que ce métier offre encore des perspectives, en Guinée ou à l’international. Il faut garder espoir », indique-t-elle.

De son côté, Mamadou Adama Barry, enseignant à l’ISIC, estime plutôt que la fermeture de certains médias privés en Guinée cités parmi les grands est «temporaire ». Cependant, poursuit-il, en soutenant qu’« une carrière en journalisme ne se limite pas à travailler dans une rédaction ».

« La fermeture des médias n’est qu’une situation temporaire, ce n’est pas éternelle. L’objectif, c’est que le gouvernement de la transition a ses raisons en quelque sorte de fermer, et ce n’est pas tous les médias qui sont fermés. C’est les médias les plus puissants qui dérangent trop qui sont fermés. Donc l’avenir de ce métier est vraiment prometteur d’un moment à l’autre. Lorsqu’on reviendra au pouvoir civil, les médias seront rouverts et l’exercice du métier va continuer.   En plus, les jeunes qui sont formés dans le métier de journalisme pensent que cette fermeture est éternelle. Une chose est sûre : quand tu finis, tu es bien formé dans ce métier de l’information. Tu ne seras pas obligé de rester dans les médias, tu peux par exemple être consultant, travailler dans les entreprises en tant que responsable média où tu seras chargé de produire ou de suivre toutes les productions audiovisuelles liées à la communication », souligne-t-il.

L’inquiétude est palpable parmi les étudiants de l’ISIC de Kountia. La fermeture des médias privés remet en question leur avenir professionnel et, plus largement, l’avenir du journalisme en Guinée. Entre résignation et espoir, les jeunes journalistes guinéens appellent à un réveil des institutions pour la préservation d’une presse libre et responsable.  Dans son nouveau classement, Reporters sans frontières (RSF) classe la Guinée à la 103e place, soit une chute de 25 points, contrairement à l’année dernière où elle occupait la 75e place en matière de liberté de la presse.

Lansana Camara, stagiaire

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