Dix-neuf mois après le coup d’État militaire qui a mis fin à son règne, l’ancien président gabonais Ali Bongo Ondimba a été libéré, tout comme son épouse Sylvia Bongo et leur fils Noureddin Bongo Valentin. La famille, détenue depuis août 2023 à la suite de la prise de pouvoir du général Brice Clotaire Oligui Nguema, a atterri à Luanda, en Angola, selon une annonce officielle faite ce vendredi 16 mai par la présidence angolaise.
C’est à travers une publication sur les réseaux sociaux que Luanda a confirmé l’arrivée de l’ex-chef de l’État gabonais et de ses proches. Des images diffusées par la présidence angolaise montrent Ali Bongo, souriant mais affaibli, descendant d’un avion officiel, appuyé sur une canne. « Suite aux démarches entreprises par le président de la République d’Angola et président en exercice de l’Union africaine, João Lourenço, auprès du président Brice Oligui Nguema, du Gabon, la famille Bongo a été libérée et vient d’arriver à Luanda », précise le communiqué.
Cette libération intervient cinq jours après la sortie de prison de Sylvia Bongo et de son fils Noureddin. Une décision qui suscite de vives réactions au Gabon, où beaucoup dénoncent une libération opérée discrètement, sans procès ni annonce officielle préalable.
L’ex-famille présidentielle est accusée par une partie de la population et par des observateurs d’avoir commis de nombreux abus et détournements durant les décennies de règne de la dynastie Bongo. C’est d’ailleurs l’un des motifs évoqués par les militaires pour justifier le coup d’État du 30 août 2023, qui a renversé Ali Bongo après une élection controversée.
Si les autorités gabonaises n’ont pas encore commenté officiellement ce départ, des voix s’élèvent déjà pour critiquer ce qui est perçu comme un abandon de la justice et des promesses de rupture faites par les nouveaux dirigeants. « Cet acte marque une véritable rupture de confiance avec le président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema sur son engagement à défendre les lois de la République, et expose le pays à toute forme de chantage extérieur. Ali Bongo Ondimba et sa famille n’auraient jamais dû être libérés, surtout pas de cette façon », a écrit le député de la Transition et 4ᵉ vice-président de l’Assemblée nationale, Geoffroy Foumboula Libeka. « La libération de la famille Bongo est une honte pour les premiers jours de la Ve République », ajoute-t-il.
L’exil angolais des Bongo ouvre ainsi une nouvelle page dans la transition politique au Gabon, mais laisse planer de nombreuses interrogations sur l’avenir des poursuites judiciaires et sur la réelle volonté des autorités de tourner la page de l’impunité.
N’Famoussa Siby