Il aura fallu qu’un décret tombe dans la soirée du jeudi dernier, annonçant la rebaptisation de l’Aéroport international de Conakry du nom du premier président de la Guinée, Ahmed Sékou Touré, pour que la première rupture entre certains Guinéens et le colonel Mamady Doumbouya, le tombeur du régime d’Alpha Condé le 5 septembre dernier, soit envisagée. En effet, cet acte du président de la transition, qui aurait même failli fragilisé ses relations avec le Premier ministre, Mohamed Beavogui, est qualifié par certains Guinéens « d’illégal et illégitime ».
Invité ce lundi 20 décembre 2021 des « Grandes Gueules » de la radio Espace FM, Dr Ousmane Kaba s’est exprimé sur cette affaire au cœur d’une vive polémique entre partisans et détracteurs d’Ahmed Sékou Touré. Pour le président du Parti des démocrates pour l’espoir (PADES), cette rebaptisation fait écho dans la cité parce que tout simplement la vraie histoire de la Guinée n’a jamais été dévoilée à cette jeunesse. « Nous ne rétablissons jamais la vérité, alors que la Guinée a été blessée tout le temps (…) Il faut qu’on accepte les évidences de l’histoire », a-t-il lancé, avant d’incomber la responsabilité de faire la lumière sur cette histoire qui divise les Guinéens au gouvernement.
Dr Ousmane Kaba estime que tant que la lumière n’est pas faite sur cette période sombre de son histoire, « la Guinée ne sera pas en paix ». Car, pour lui, « chacun déforme l’histoire à sa guise et raconte l’histoire en tirant la couverture sur lui. Tant que ça continue [comme ça], il y aura du mal. Ayons le courage de regarder notre histoire face », a invité le leader politique.
Parlant des crimes commis pendant la première République, Dr Ousmane Kaba reconnaît a admis que certaines sont accusations contre Ahmed Sékou Touré sont fondées. Toutefois, il déplore une « déformation »de l’histoire de la Guinée. « Saviez-vous que Sékou Touré a tué plus de Malinkés que de Peulhs ? Combien de jeunes Guinéens le savent-ils ? On a refusé de regarder l’histoire de la Guinée en face », a-t-il fustigé, avant d’ajouter que le premier président guinéen « symbolise la dignité en Afrique par le combat qu’il a mené ».
Aliou Nasterlin
