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LETTRE OUVERTE : “Monsieur Le Président …Je vous invite au triomphe modeste et à l’humilité de partage”

Guinéen vivant aux Etats-Unis, l’auteur de cette lettre envisage la transition que vit le pays depuis le 5 septembre 2021 comme l’opportunité d’un nouveau départ. Mais il fonde de plus grands espoirs dans les Assises nationales qui se tiennent depuis une semaine. Ces dernières, à ses yeux, ne doivent pas servir qu’à regarder dans le rétroviseur du pays. Il souhaite également qu’elles permettent de baliser le futur en aidant à définir un certain nombre de valeurs et de principes que les Guinéens devront s’imposer, indépendamment de l’espace et du temps. Et c’est pourquoi il invite le président de la Transition en qui il place toute sa confiance à accorder toute son attention à ces assises. Toutefois, il l’appelle « au triomphe modeste et à l’humilité du partage ». Car dit-il : « La République n’est pas une cohabitation de vainqueurs et de vaincus ».

Excellence Monsieur Le Président

C’est avec un réel plaisir que je vous adresse mes sincères félicitations à la suite de votre prise de pouvoir le 5 septembre 2021.

Puisque l’honneur vous échoit de diriger aux destinées de notre pays, vous devez désormais tenir un discours d’apaisement pour appeler les uns et les autres à la retenue et apporter de la lumière sur ce que le CNRD et vous particulièrement comptez faire pour la Guinée et les Guinéens. Depuis le 5 septembre 2021, Le peuple guinéen, suspendu à votre écoute, espère un tournant sincère et des annonces décisives à chacun de vos discours car c’est l’opportunité pour fixer un cap nouveau à tout un peuple, pour donner un nouvel élan à toute la nation en appelant toutes les énergies à la recherche de solutions.

 C’est pourquoi, dans un esprit patriotique et dans l’intérêt commun de la Guinée, le devoir républicain exige de moi, ce jour, de ne pas rester indifférent à la trajectoire que prend notre pays depuis le 5 septembre 2021. La Guinée, cet héritage précieux que nous avons trouvé et laisserons certainement, nous impose beaucoup de responsabilité, pour contribuer à son essor et travailler à son développement, chacun selon l’opportunité qui est la sienne. C’est dans ce sens que je vous exhorte de tendre davantage la main aux Guinéens, sans exception aucune afin de décider avec eux, la manière dont le pays sera désormais géré.

Aujourd’hui, le peuple a besoin de réponse, de la vérité, il a besoin d’être situé et il demande tout simplement des repères. C’est pour toutes ces raisons avérées que je vous encourage d’accorder votre très haute et respectueuse attention à la poursuite des assises nationales inclusives.

Ces assises nationales viennent à point nommé parce qu’il faut bien faire le bilan des 62 années d’indépendance. Un bilan qui permettrait d’évaluer la gestion du passé et de baliser objectivement ce que doit être le travail du jour et celui des générations futures. Refuser ces assises c’est tout simplement refuser de regarder les erreurs du passé, et surtout refuser de songer à un lendemain meilleur.

Des assises nationales parce que c’est vraiment le moment de tout remettre en cause et de passer au peigne fin aussi bien la gestion du passé que l’ensemble de nos prévisions de développement. Au moment où vous appelez de tous vos veux à l’émergence du pays, au moment où toutes les forces vives du pays sont prêtes au sursaut national, le moment est donc propice pour tenir ce devoir de vérité.

Enfin des assises nationales pour mieux dessiner le futur avec plus de clairvoyance. Il ne s’agit pas d’une tribune dédiée aux polémistes de tout bord. Mais plutôt un cadre idéal de concertation, de partage, d’analyse et de conception pour un modèle de société et une organisation optimale à même de hisser le pays au rang des pays émergents. C’est un devoir pour tout citoyen et ce serait dommageable, pour tous ceux qui croient et qui travaillent pour le développement de ce pays, de ne pas s’en acquitter.

Le moins que l’on puisse attendre est qu’elles permettent une lecture cohérente et objective du destin de la Guinée. C’est une nécessité absolue car les alternances démocratiques pour lesquelles nous militons jour et nuit, ne doivent pas être synonymes de haine et de violence. Pour émerger, notre pays a besoin d’orientations claires et cohérentes acceptées par la grande majorité des forces vives car résultant d’une large concertation. Le débat politique des pays développés ne tourne pas autour des orientations stratégiques de développement mais plutôt autour des méthodes de mise en œuvre. Tout simplement parce que quelque part réside une convention nationale qui a requis tous les agréments des acteurs politiques, économiques et de la société civile. Une convention qui consacre la volonté de tout un peuple exprimée méthodiquement et qui s’impose comme le mode d’emploi de tous leurs gouvernants.

 Donc, les assises permettraient, puisqu’il s’agit aussi bien de bilan, de faire la part des choses des différents gouvernants et par voie de conséquence, éviter la confusion tendant à loger tout le monde dans la même enseigne. Je veux dire que les telles que je les conçois doivent aboutir à ce devoir de discernement. Certains déjà croient à tort que la préoccupation dont il sera question lors de ces assises sera exclusivement et forcément politique. Non ! Elle sera aussi et tout d’abord sociale, financière et incontestablement politique. Les crimes politiques, les détournements de deniers publics, l’insécurité et l’incivisme sont autant des sujets de préoccupation qui méritent d’être examinés lors de ces assises.

Excellence Monsieur Le Président,

La vérité une fois dite constitue une voie vers cette nécessaire réconciliation des cœurs. L’avantage est grand en ce sens que les enfants du pays apprendraient beaucoup sur leur histoire et surtout sur les maux qui ont rongé ou qui rongent encore leur beau pays.

Excellence Monsieur Le Président,

Je vous exhorte à poursuivre votre combat à remettre de l’ordre dans tous les secteurs car le discours politicien n’est plus approprié face à l’urgence des solutions à apporter, la démagogie non plus. Dans tous les peuples, les générations évoluent au rythme du monde, un monde de plus en plus connecté et globalisant. C’est pourquoi nous devons être plus exigeants : exigeants dans la gouvernance, mais aussi dans les discours et les actes.

Sur les questions politiques, je vous appelle au triomphe modeste et à l’humilité du partage. La République n’est pas une cohabitation de vainqueurs et de vaincus. Elle est un sacré héritage qu’on partage ensemble. On ne dirige pas sans partage. A cet effet, je vous exhorte à prendre de la hauteur, à dépasser vos positions intrinsèques pour aller magnanimement vers la décrispation du jeu politique. Cela passe au préalable par l’organisation de ces assises nationales inclusives. Cela passe aussi par un dialogue sincère sans exclusion aucune.

Enfin de compte, Excellence Monsieur le Président, je vous demande de nous révéler, l’Homme d’État qui sommeille en vous pour que ces assises en cours puissent être une totale réussite et qu’elles soient vivement à la hauteur d’une leçon d’histoire, pour que la postérité retienne cela de vous pour toujours.

Que Dieu bénisse la Guinée

Nouhou Badiar Diallo

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