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YAMOUSSOUKRO : un prix pour Merkel et de belles perspectives pour la Côte d’Ivoire

C’est un sommet qui ne dit pas son nom que la ville de Yamoussoukro, la capitale politique de la Côte d’Ivoire, a accueilli ce mercredi 8 février, à l’occasion de la cérémonie de remise du prix Felix Houphouët-Boigny-Unesco pour la paix. Un sommet régional tout d’abord avec la présence des présidents Macky Sall, Umaro Sissoco Embalo, George Weah ou encore celle de Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine. Sommet national surtout avec la participation des anciens présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, au côté du président Alassane Ouattara. Si la cérémonie a donc servi à saluer et à magnifier fort justement le courageux geste humanitaire que l’ancienne chancelière allemande a posé en 2015, avec l’ouverture des frontières de son pays aux réfugiés fuyant les guerres en Afghanistan, Syrie et Erythrée notamment, cette rencontre aura aussi renvoyé un message plein d’espoir pour les Ivoiriens. Parce qu’à chaque fois que les trois dinosaures de l’espace politique de ce pays se retrouvent, c’est un pas de plus dans le sens de la consolidation de la paix qui demeure somme toute précaire en Côte d’Ivoire.

Yamoussoukro doit inspirer d’autres pays et d’autres dirigeants africains

Il y a bien de raisons de saluer la cérémonie de remise du prix Felix Houphouët-Boigny-Unesco pour la paix de cette année. En premier, il y a le lieu où cette cérémonie s’est tenue. Quoi de plus normal qu’un prix portant le nom du premier président ivoirien soit remis dans sa ville de cœur qu’est Yamoussoukro, diront certains ? Soit. Mais le symbole va au-delà de la Côte d’Ivoire. On aimerait que de telles cérémonies aient lieu dans plusieurs autres villes africaines. On aimerait que l’Afrique soit de plus en plus présente dans l’agenda des grands événements du monde, et que ce continent ne se retrouve pas dans les colonnes des journaux uniquement en raison de ce qui prévaut dans l’est de la RD Congo, des coups d’Etat en Afrique de l’ouest, de l’insécurité dans le Sahel ou de l’émigration irrégulière avec les meurtriers naufrages dans la méditerranée. De ce point de vue, la capitale politique de la Côte d’Ivoire doit inspirer d’autres pays africains et leurs dirigeants. Parce qu’il faut que nos pays soient aussi associés à la paix, au rêve, à l’espoir…bref à la beauté de la vie et aux grands idéaux de notre monde et non pas seulement aux drames et aux fléaux.

Angela Merkel, un prix mérité

Le choix de décerner le prix à l’ancienne chancelière allemande est également quelque chose de pertinent. En misant sur Angela Merkel, le jury du prix avait à cœur d’élargir le champ d’application de la notion de la paix. Cette dernière ne doit pas en effet renvoyer qu’à l’absence de la guerre. Ceux qui, comme l’ancienne dirigeante allemande, apportent gite et couvert aux réfugiés jetés hors de chez eux par les affres des conflits notamment armés, ne participent pas moins à la construction d’un monde de paix. Dans un monde littéralement pris en otage par les extrêmes, le repli sur soi, la xénophobie et l’instrumentalisation éhontée du nationalisme, le geste d’Angela Merkel se démarquait pas le courage qui le caractérisait et l’humanisme qui en était la trame. Bien sûr, on pourra toujours rétorquer que le choix de l’ancienne chancelière a été facilitée par le besoin de mains d’œuvres auquel était confrontée l’Allemagne. De même que son attitude empathique ne doit point passer pour un encouragement de l’immigration irrégulière tendant à dédouaner les dirigeants des pays d’origine des migrants. Mais l’on s’accorde à reconnaitre que sur le moment et au regard du contexte de l’époque, l’attitude adoptée par l’ancienne chancelière a été la bonne.

Ouattara, Gbagbo, Bédié, des retrouvailles pleines d’espoir

La paix célébrée, la paix consolidée aussi. La cérémonie de ce mercredi avait une résonnance toute particulière pour la Côte d’Ivoire en effet. Plutôt secoué et ayant expérimenté quelques tensions sociopolitiques depuis justement la mort du premier président ivoirien, le pays a son avenir qui dépend essentiellement des rapports entre les trois principaux acteurs de la scène politique de ces 30 dernières années, à savoir Alassane Ouattara, l’actuel président, et ses deux prédécesseurs, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié. Depuis un certain temps, il y a de la détente en l’air. Heureusement. Mais plutôt méfiants, les Ivoiriens ne dorment qu’un œil. Parce qu’ils n’excluent pas qu’à la prochaine compétition politique, les hostilités reprennent. De fait, globalement, à Abidjan, on assimile la réconciliation tant vantée entre les trois principaux acteurs majeurs à un compromis de circonstance. De ce point de vue, le fait d’avoir été conviés à la cérémonie d’hier et d’y avoir répondu est quelque chose de plutôt rassurant. Il n’est certes pas à évident de venir à bout de doutes et de réserves nourris par des années d’intrigues et de chausse-trappes. Mais on sent de la part des acteurs ivoiriens une volonté de ranger les égos et les récriminations, de tourner enfin cette page-là et peut-être même de passer la main à une nouvelle génération. C’est aussi ce message plein d’espoir que nous retiendrons de la cérémonie de remise du prix 2022 Félix Houphouët-Boigny-Unesco pour la paix.

Boubacar Sanso Barry  

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