Ça manifeste encore à Conakry pour le manque de courant électrique dans les ménages. Ce jeudi 6 juin, c’est au quartier Landréah, dans la commune de Dixinn, que les citoyens, hommes et femmes, confondus, sont descendus dans la rue pour protester contre les multiples délestages dont le quartier est l’objet en particulier ces dernières semaines. Une manifestation qui a été très rapidement dispersée avec du gaz lacrymogène par les forces de sécurité.
Les manifestations de rue, les habitants de Landréah ne sont pas si coutumiers. Mais cette fois-ci, ils ont manifestement eu marre des délestages électriques devenus récurrents depuis, disent-t-ils, la fin du mois de Ramadan. Mais en face, les forces de l’ordre n’y sont pas allés de main morte. « J’étais couché. Je dormais. Ce sont les coups de gaz lacrymogènes qui m’ont réveillée. Certaines cartouches sont tombées devant la porte. Quand je me suis levé, je n’arrivais pas respirer car la fumée était partout. Je me retourne et je constate que mes petits fils sont également tombés », raconte El hadj Alassane Camara, habitant du quartier.
Koyah Condé, elle, vendeuse, était encore à côté de son étal en bordure de route quand la manifestation a commencé et que les forces de l’ordre sont intervenues. Brandissant des cartouches de gaz lacrymogène dont elle dit avoir été victime, elle explique : « Le temps pour moi d’arranger mes affaires. Tout a été renversé. Et même dans ma cour, on peut sentir l’odeur du gaz lacrymogène. Un policier est rentré avec deux gaz lacrymogènes avant de nous insulter ».
L’atmosphère irrespirable créée pour la circonstance, un enfant a été même affecté. « Le gaz lacrymogène que les policiers ont lancé a touché un enfant. Quand on a montré cela aux policiers, ils ont dit qu’ils s’en fouttent. Ils ont même dit que l’enfant aurait dû mourir », rapporte M’Mah Bangoura.
Pour autant, les habitants de Landréah promettent de continuer les manifestations jusqu’à ce qu’ils soient entendus. Informé de cette situation, dit-il, par le président de la délégation spéciale de la commune de Dixinn, le chef de quartier de Landréah dit s’être rendu immédiatement sur les lieux pour tenter de calmer les manifestants. Mais son initiative aurait pu lui coûter cher. « Il y avait même un jeune qui m’a insulté avant de couper un bouton de ma chemise. J’ai instruit aux policiers de l’embarquer. Mais avec les effets du gaz, on ne pouvait plus supporter, donc j’ai fui », reconnait Abdoulaye Camara.
Aliou Nasta